Friday, October 27, 2006

Témoignages.

Ecouter.
Nous avons beaucoup écouté lors des deux dernières séances-ateliers.
Il y a 15 jours, c'était le témoignage de deux couples qui venaient d'adopter. Chacun avait sur les genoux des petits bouts d'amour sages et souriants. Un petit garçon de 7 mois pour l'un et un bébé fille de 2 mois et 1 jour pour l'autre. Les témoignages étaient très forts car ils vous confrontent directement à une réalité. Celle des faits.
Tout d'abord, entendre dire que la lettre à la mère est une des étapes les plus difficiles de tout le processus. Me voilà rassurée, car pour moi cela restera un moment étrange et très désagréable.
Puis d'entendre dire que finalement tout s'enchaîne assez rapidement; là, c'est un souffle d'optimisme qui passe. Puis vient la réalité de la rencontre. Une rencontre de deux mondes qui se télescopent et qui doivent se connecter pour mieux de nouveau, se séparer.
Un des couples a adopté ce petit garçon né d'une jeune mère de 21 ans ( déjà maman de 2 autres , et à chaque enfant un père différent) sans ressource, sans travail sans domicile. Mais charmante , aimant ses enfants et souhaitant le meilleur avenir pour eux. Face à la situation, elle choisit de contacter ce couple car l'un des deux est originaire d'un autre pays. Cet enfant pourra donc voyager. Son rêve. Elle, à 21 ans, n'est venue qu'une seule fois à San Francisco, à 55 minutes de sa ville. La mère adoptive avouera que de cette première rencontre beaucoup d'angoisses se sont alors soulevées mais pourtant beaucoup d'amour aussi. Pendant 5 mois, ils vont devoir l'aider pour tout, voire l'assister. Mais jamais personne ne changera d'avis au moment venu ; ils le savent. ils ont crée un lien. Ils nous racontent que pendant tout cette période, on passe par des très hauts et des très bas. Que ce qui comptait pour eux était l'état de santé du bébé; ils ont veillé sur la grossesse de cette jeune fille obèse, l'accompagnant chez le médecin, allant même faire un super marché pour elle , pour être sur qu'elle ait de quoi manger (elle qui ne se nourrissait que de junk food ; l'angoisse pour cette mère adoptive super bio!!).
Il a fallu assumer aussi un jour où lors d'une rencontre , ils se sont doutés que cette jeune fille avait un sourire trop constant et les yeux trop rouges.. Jusqu'où doit on accepter la prise de substances chimiques nocives? Un moment extrêmement délicat où ils avouent d'un commun accord , que l'agence par leur pratique, les a beaucoup aidé, leur apportant du réconfort et de la raison .
Des doutes, ils ont en eu plein, des envies d'abandon aussi. Mais à chaque fois le travail avec l'assistance sociale et l'écoute de l'agence les a aidé à poursuivre et à mener à bien cette relation. La mère a signé le papier en 24h. Ils étaient là lors de l'accouchement. Les deux mères ont partagé la première nuit d'hôpital chacune d'un coté du berceau. Etrange moment, mais important pour tout le monde. Le bébé est bien portant et déjà très mignon. Puis l'enfant est reparti dans les bras des parents adoptifs. La jeune fille a appelé 2 fois la 1ere semaine , puis une fois de temps en temps et depuis 4 mois, ils n'ont plus aucunes nouvelles. Notre animatrice nous informe que pour la plupart des adoptions, c'est la règle. Les mères appellent les premiers temps pour se rassurer... puis elles retournent à leur monde , à leur vie quotidienne qui les entraîne loin de leur enfant qu'elles savent en sécurité.
Face à ce témoignage, on ne peut pas rester insensible. Et on comprend que l'on va traverser des moments difficiles et qu'il sera important pour nous deux d'être deux, et d'aimer cet enfant très fort, encore plus fort. Il est important de réaliser que ces mères naturelles sont dans la plus grande majorité, des jeunes filles en détresse... sinon pourquoi "abandonner " leur enfant, si elles ont le couvert, une famille, un père à leur coté, un logement et la vue sur la mer... bien évidemment, il en serait tout autrement.
Il faut donc imaginer que cette différence de milieu, de vie , de tout, va devoir être gérer par nous deux pour un moment donné. Il ne s'agit pas de régler le cas social de la mère; il s'agit de l'accompagner pour que l'enfant soit en bonne santé et qu'elle nous fasse confiance pour le futur.
C'est cela le plus important et vraisemblablement le plus " challenging" . car c'est plus facile à concevoir et à écrire.... Quant aux émotions, je crois qu'il va falloir investir dans des stocks-option Kleenex; leur côte risque de grimper!!

1 comment:

Anonymous said...

"Des doutes, ils ont en eu plein, des envies d'abandon aussi."

Tu sais, ma belle, je te mentirais si j'affirmais ne jamais avoir connu de doutes ou d'idées d'abandon !
Avoir ou pas des p'tits ou des gros bas, ce n'est pas ça qui me semble capital, mais bien de ne pas se le cacher à soi-même, afin d'y faire face... victorieusement.

A ta lecture, je réalise combien chaque parcours de parent, avec ses spécificités propres certes, reste universel (waouh, le scoop...). Et là où je te sens déjà mère, c'est que, effectivement, "il sera important pour [vous] deux d'être deux", à 200 % !

Bon, évidemment, si vous pouviez éviter l'étape "yeux rouges - sourire béat", j'te cacherais pas que je serais moi aussi rassurée, mais bon, pour la junk food, ma foi, je vous crois capable de surmonter ça sans trop d'états d'âme ;-)

Alors, en attendant le prochain courriel avec "YYYYYYYeeeeeeeSSSSSSS !!" en objet, plein de bises à vous deux...